
« La CFDT santé-sociaux se bat tous les jours pour faire valoir les droits des femmes »
La Journée internationale des droits des femmes représente une manifestation incontournable pour la CFDT santé-sociaux, puisque ce sont essentiellement des travailleuses qui y sont représentées. Ève Rescanières, secrétaire générale de la Fédération se trouvait dans le défilé parisien du 8 mars.

CFDT santé-sociaux. Que représente pour toi cette journée du 8 mars ?
Ève Rescanières. C’est une date importante, mais on ne peut pas s’empêcher de penser qu’elle ne devrait pas exister, car consacrer une journée dans l’année à promouvoir les droits de la moitié de l’humanité est aberrant. De même que l'égalité femmes-hommes n'est pas toujours acquise. Cette journée est l'épicentre de la lutte des droits des femmes, mais on doit se battre tous les jours pour faire valoir nos droits.
Plus que jamais, la Journée internationale des droits des femmes a réuni de nombreux syndicats et collectifs féministes. En témoignent les rassemblements dans le monde entier. Selon toi, pourquoi les droits des femmes restent-ils si fragiles ?
Nous sommes majoritairement dans un monde patriarcal où les hommes détiennent le pouvoir et ont du mal à le partager. Se posent également toutes les questions autour du travail des femmes, de leur vie personnelle, tout ce qui a trait à la maternité, ou encore leur santé. Nos droits dans le monde sont fragiles. Lorsqu'un pays se trouve en situation de crise, ce sont les droits des femmes qu'on attaque en premier. Il faut que ça s'arrête, que nous soyons traitées d'égal à égal, dans nos spécificités, mais aussi dans notre participation à la vie économique, la vie de la cité et de la société.

Élu pour la seconde fois, Donald Trump bafoue les droits des femmes en interdisant dans de nombreux États américains le recours à l'avortement. Google et Apple ont retiré la Journée internationales des droits des femmes de leur calendrier. En Europe, l'extrême droite emboîte le pas dans certains pays. Qu'en penses-tu ?
En tant que femme et secrétaire générale de la fédération CFDT santé-sociaux, je peux affirmer que notre organisation est féministe. Pour nous, il n’est pas acceptable que des États bafouent les droits des femmes. Aujourd’hui, on en prend plein la figure : l'attitude du président des États-Unis est inacceptable ; en Afghanistan on emmure les femmes ; en Iran le mouvement « Femme, vie, liberté » a fait de nombreuses victimes, et en Hongrie ce n’est guère mieux. Cependant, il reste des « poches » démocratiques où l'on peut s'exprimer librement. En France, on a la chance de vivre dans un pays où l’on peut se battre pour préserver les droits des femmes françaises, mais aussi porter la voix de celles qui souffrent dans le monde.
Dans le secteur sanitaire, social et médico-social, La CFDT santé-sociaux est représentée à 90% par des femmes, souvent mal rémunérées et cependant indispensables. Quelles sont les actions en cours menées par la CFDT santé-sociaux ?
Le premier combat qu'on doit mener est de démonter les idées reçues sur la rémunération des femmes. Pour exemple, et ce, jusqu'au plus haut niveau de l'État, on a tendance à dire qu’il n'y a pas de problème parce que les conventions collectives ou les statuts dans la fonction publique protègent les femmes. Mais en y regardant de plus près, quand les femmes font des enfants, leurs statuts et leurs droits ne les protègent pas dans leurs spécificités. Généralement, elles n’ont pas accès à la même carrière que les hommes. Nous, syndicat, en tant que secteur majoritairement féminin, transmettons cette éducation, cette pédagogie à travers nos actions, nos revendications, notamment sur le sujet de la maternité, qui ne doit plus pénaliser les femmes.

Nous portons un autre enjeu important depuis des années : dans un secteur très féminisé, nos métiers demandent du professionnalisme. On ne naît pas infirmière où technicienne de l’intervention sociale et familiale (TISF), on le devient, parce qu'on a fait une formation initiale, et pas parce que c'est dans nos gènes de savoir écouter, accompagner et prendre soin. De ce fait, on revendique d'être considérées comme des professionnelles, et à ce titre, d'être rémunérées en conséquence. On a tendance à dire également qu'un métier féminin peut s'exercer par n'importe qui, sans compétences, ni formation préalable.
Il n’y a qu'à lire le programme du Rassemblement national qui dit plus ou moins clairement que les femmes doivent rester à la maison pour s'occuper des enfants, des personnes âgées ou handicapées, que ça doit rester dans la sphère familiale. La CFDT santé-sociaux se bat pour qu'on ne supprime pas nos métiers.
Propos recueillis par Emmanuelle Bodiot
