
#MeToo hôpital : un appel à manifester mercredi 29 mai
Professionnel·le·s de santé, étudiant·e·s en médecine, ou encore organisations féministes appellent à manifester mercredi 29 mai à 18h devant le ministère de la Santé pour réclamer des « mesures concrètes et immédiates » contre les violences sexuelles et sexistes au sein du secteur de la santé.

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Dans un appel publié le lundi 27 mai par des associations comme Osez le féminisme ! ou le Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), les manifestant·e·s demandent à être reçu·e·s par Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, et Frédéric Valletoux, ministre délégué à la Santé.
On peut compter, parmi les nombreux·euses signataires, Nous toutes, l’Union syndicale Solidaires, l’Union étudiante, Stop aux violences obstétricales et gynécologiques et l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur.
Plan ambitieux de prévention
De concert, ces organisations demandent la mise en place « en urgence » d’un « plan ambitieux de prévention et de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles dans les universités et les établissements de santé publics comme privés, avec notamment des formations obligatoires. »
Le retrait « de toutes les fresques pornographiques encore présentes dans certains hôpitaux malgré leur interdiction » est souhaité par les organisations signataires. Autre requête, la création d’une plateforme de signalement anonyme pour les patient·e·s et la « protection effective » pour les étudiant·e·s et professionnel·le·s qui souhaitent signaler des violences sexistes et sexuelles.
La culture de l'impunité
Ce sont des témoignages en rafale d’étudiant·e·s en médecine, d’internes, de médecins qui s’élèvent depuis que Karine Lacombe, infectiologue, a accusé il y a un mois l’urgentiste Patrick Pelloux « de harcèlement sexuel et moral ».
« On peut parler d’un problème systémique, qui est ancien et très lié à une culture hiérarchique, longtemps dominée par un patriarcat », expliquait Karine Lacombe sur RFI le 24 avril, avant d’ajouter : « Ce n’était pas un comportement qui était acceptable, mais malheureusement, à l’époque, il était accepté. » Interrogé le même jour sur France inter, Frédéric Valletoux affirmait : « La culture de l’impunité, c’est terminé », et ajoutait : « Il y aura une tolérance zéro à ce niveau-là. »
Une lutte de longue date
La CFDT santé-sociaux est engagée de longue date au sein des entreprises et administrations dans la lutte contre toutes les formes de violence exercées en raison du sexe d’une personne, dont les femmes sont les premières victimes. Pour Clotilde Cornière, secrétaire générale adjointe CFDT santé-sociaux et notamment chargée des discriminations, « il a fallu que l’affaire Pelloux soit médiatisée pour s’indigner de ce type de comportement alors que le phénomène de harcèlement à l’hôpital n’est pas nouveau. » Selon elle, le problème est plus vaste et « concerne les femmes dans le secteur de la santé en général, à l’hôpital, de la part des médecins et de leurs pairs. C’est une omerta ».
« Dans certains services, le personnel féminin ne laisse pas une jeune interne seule avec un médecin qui est connu pour avoir les mains baladeuses », conclut Clotilde Cormière. Les femmes savent faire preuve de sororité en attendant que le gouvernement lance des mesures concrètes.
Emmanuelle Bodiot