
Les salarié·es de la Bassms et la BAD s'unissent pour des moyens
À l’écoute des salarié.es sous-payé·es et epuisé.es dans les secteurs de la Bassms et la BAD, la CFDT santé-sociaux et l’ensemble des organisations syndicales ont programmé une mobilisation nationale le mardi 1er avril.

Cette grève a rassemblé, devant les préfectures, Agences régionale de santé (ARS) ou encore les conseils départementaux, de nombreux.ses salarié.es du secteur sanitaire, social et médico-social, le 1er avril 2025.
Ce mouvement d’ampleur nationale fait suite à une séance de négociations entre Axess et l’ensemble des syndicats, qui s’est avérée inacceptable, si bien qu’une intersyndicale s’est constituée.
« Des propositions catastrophiques, voire honteuses, dans la détérioration de l’existant », s’indigne Emmanuel Loesel, secrétaire fédéral CFDT santé-sociaux, présent lors de la séance de concertations du 18 mars 2025.
Les débats portaient sur la durée et le temps de travail. Les réponses d’Axess, la Confédération des employeurs du secteur sanitaire, social et médico-social privé non lucratif, n’ont pas satisfait les organisations syndicales : suppression des congés trimestriels, des congés d’ancienneté, autorisation des 12 heures de travail, ou encore un temps de repos de seulement 9 heures entre deux prises de poste. Furieux de ces régressions d’acquis, la CFDT et les syndicats présents ont quitté la table des négociations.
De ce fait, une mobilisation nationale s’est organisée le 1er avril afin de porter les différentes revendications des branches associatives sanitaire, sociale et médico-social (Bassms) et de l’aide à domicile (BAD).

Côté CFDT, près d’une centaine de lieux de rassemblement ont été recensés. Des milliers de salarié.es ont pu manifester leur colère dans toute la France. Les différentes délégations été reçues par les conseils départementaux et les préfectures. A Paris, Loïc Le Noc et Benjamin Vitel, secrétaires nationaux CFDT santé-sociaux, ont eu l’occasion de rencontrer des membres du cabinet de Catherine Vautrin, ministre de la Santé.
Des conditions de travail en chute libre
Dans un secteur où les conditions de travail se détériorent d’année en année depuis la crise sanitaire en 2020, les travailleur.euses présent.es devant le ministère de la Santé se disent épuisé.es. Anabelle Florentin, aide-soignante à la Croix-Rouge française et secrétaire générale CFDT santé-sociaux du 91, l’évoque parfaitement : « Nos conditions de travail délétères entraînent des risques psychosociaux importants, les employeurs doivent prendre la mesure de notre épuisement mental et physique. Cela s’apparente à de l’esclavage moderne. »
À l’écoute des salarié.es exténués, la CFDT santé-sociaux revendique des temps de repos supplémentaires, nécessaires au maintien de la bonne santé mentale et physique, mais également une « désintensification » du travail, notamment par la mise en place de ratios en matière d’effectif dans les différents établissements.
Philippe Gagnol, ambulancier Smur-Samu dans le 93 et militant CFDT santé-sociaux, soulève les problèmes liés au financement, qui selon lui, ne « permettent pas de travailler dignement et de prendre en charge les patients correctement ». C’est pourquoi la CFDT demande des subventions à hauteur des besoins, nécessaires à l’amélioration des conditions de travail.

Un manque d’attractivité criant
Dans le secteur sanitaire, social et médico-social, le problème est le même : ces métiers n’attirent plus. Vanessa Druter, infirmière en Ehpad privé et déléguée syndicale CFDT santé-sociaux dans le 95, confirme ce constat : « De moins en moins de personnes veulent faire ce métier d’infirmier en Ehpad. »
Gwenaëlle Yvinec, infirmière au CHI Robert Ballanger et secrétaire générale CFDT santé-sociaux 93 va dans le même sens : « Il y a un réel problème dans le secteur associatif : manque de moyens et de personnel, maltraitance institutionnelle. »
La faute, donc, à des conditions de travail indécentes dues à un manque de considération et de reconnaissance des employeurs. Cela ne permet pas au secteur d’être suffisamment attractif.
Des salaires à hauteur de l’effort
Avec un taux de précarité en augmentation, les salarié.es du secteur font de plus en plus face à des difficultés financières. Sonia Benkhaled, infirmière coordinatrice en Ehpad privé dans le 95 et déléguée syndicale centrale CFDT santé-sociaux, est mère de deux enfants et avoue que « cela est devenu compliqué financièrement pour celles et ceux ayant des enfants à charge ».
Des salaires infra-smic scandaleux pour Annabelle Florentin : « Nous sommes diplômé.es d’État, nous travaillons pour la santé de la population, c’est injustifié que nos salaires soient aussi bas. » En effet, la CFDT santé-sociaux demande une augmentation des rémunérations, mais également le versement de la prime Ségur pour tous, dont de nombreux salarié.es n’ont pas encore bénéficié.
Tous les professionnel.les contribuent au bon fonctionnement du secteur. Pourtant un grand nombre sont encore ignorés lorsque nous évoquons ces 183 euros. Cette inégalité ne peut plus continuer : il est temps que cette prime soit étendue à tous, sans exception.
Rachid Akhourcham, permanent national CFDT au Syncass et directeur d’Ehpad dans le 93, est conscient des problèmes de rémunération et fait un lien avec une Convention collective unique et étendue (CCUE) : « Nous manifestons aujourd’hui pour qu’on puisse aboutir à une CCUE afin de trouver une homogénéité dans notre secteur. »
Gwenaëlle Yvinec confirme ces propos : « Nous n’arrivons toujours pas à obtenir la CCUE, que nous demandons depuis près de cinquante ans à la CFDT. »

Une vie personnelle impactée
Aujourd’hui, les professionnel·les du secteur de la Bassms et de la BAD n’arrivent plus à concilier vie professionnelle et vie personnelle. Financièrement, émotionnellement, physiquement, il n’y a absolument plus aucun équilibre. La pénibilité, le temps de travail, le manque de personnel, l’épuisement physique et psychologique, tous ces aspects du métier font qu’une fois le travail terminé, la déconnexion n’est plus possible. Rachid Akhourcham évoque un « impact réel sur les familles et les enfants », tandis que Martin Ndougsa, aide-soignant en Ehpad et militant CFDT santé-sociaux, « n’arrive plus à joindre les deux bouts » et a conscience que « les familles ressentent au quotidien ce manque de considération des employeurs ».
Cependant, la CFDT et des militants, tels que Philippe Gagnol gardent « espoir que cela change ». Dans cette optique, cette mobilisation nationale a permis à des milliers de salarié.es, de manifester leurs colères en étant #UnisPourDesMoyens.
Elias Ramdani